Colloques et journées des CESU

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  • Prix Chercheur d’or

    01 Le raisonnement clinique de l’infirmier en service d’urgence : à la recherche des ressources mobilisées, de son activité pour orienter, transmettre les informations et soigner le malade

    Alexandra MAURINE-MALTERRE
    Ingénieur en pédagogie, CESU 34, CHU de Montpellier

    Ce travail a été élaboré dans le cadre d’une thèse en sciences de l’éducation. Il utilise les concepts de la didactique professionnelle qui vise à comprendre les conceptualisations en jeu par les acteurs, permettant d’analyser les verbatims recueillis auprès d’infirmiers réalisant le tri de patient aux urgences. À partir de l’identification des ressources  mobilisées par les professionnels, des invariants relatifs aux premiers repérages de problématiques de santé des patients, permettant une bonne orientation au sein du service des urgences, ont été repérés.

    Le discours que les professionnels explicitent sur les ajustements qu’ils effectuent, non seulement selon les réponses données par le patient mais aussi selon les indicateurs qu’ils perçoivent, qu’ils sélectionnent, qui s’imposent d’eux-mêmes chez le patient lorsqu’il s’exprime, communique ou ne communique pas, a peu à peu conduit les recherches sur la piste de l’ajustement au sens historico-culturel de Vygotski. Des invariants du sujet, mêlés à des actes locutoires, illocutoires et perlocutoires ont été identifiés. Ces combinaisons montrent les préoccupations stratégiques des IDE pour susciter et maintenir le discours authentique des patients ainsi que des relations sociales empreintes de dialogue et de respect.

    Certes, l’identification des invariants situationnels repérés a permis de comprendre les points clés sur lesquels les IDE se concentrent durant l’accueil des patients aux urgences, mais elle a aussi permis de comprendre pourquoi et à quels moments les IDE ajustaient en permanence leur discours. Des concepts en psychologie cognitive ont été nécessaires pour comprendre et investiguer le processus cognitif des infirmiers indispensable à leur raisonnement clinique. Les résultats orientent l’amélioration de  la formation sur trois axes principaux : la visibilité du processus cognitif des IDE, qui susciterait la motivation des étudiants infirmiers à travailler leur raisonnement ; l’élaboration du champ lexical spécifique aux soins infirmiers, qui permettrait le développement  des compétences scripturales des étudiants ; l’élaboration de classes de situations emblématiques, qui permettraient aux étudiants un environnement  suffisamment stable pour créer leurs propres invariants opératoires.

    Enfin, le développement de la confiance en soi est une condition au développement de l’aisance cognitive qui donnerait aux étudiants l’accès à un raisonnement plus performant au sens des psychologies cognitives.

     


    02 Effets d’un support audiovisuel simple sur la perception d’authenticité des apprenants lors d’une simulation en immersion clinique avec un simulateur de patient

    François REVAUX
    PH Responsable médical CESU 94
    Coresponsable du STUDIOSIM, centre de simulation du GHU Henri-Mondor, Créteil

    Morgan JAFFRELOT
    Médecin, CH Bretagne-Atlantique, Vannes

    Contexte – La simulation en santé est une méthode d’enseignement et d’apprentissage utilisée dans la formation initiale et continue des professionnels de santé. Il s’agit de mettre en situation les apprenants dans une réalité reconstruite afin qu’ils puissent « faire comme si c’était vrai » et agir pour résoudre les problèmes posés. Contrairement au modèle aéronautique, les environnements proposés en simulation en santé ne présentent pas de similitude parfaite avec la réalité. Notre étude s’intéresse au manque de perception d’authenticité décrit par les participants. Notre hypothèse est que la présentation d’un support audiovisuel aux apprenants, en début de simulation, permettrait de les aider à « faire comme si c’était vrai ».

    Méthode – Une étude qualitative a été menée avec des entretiens collectifs explorant, d’une part les éléments influençant la perception d’authenticité des étudiants, d’autre part les effets d’un support audiovisuel sur l’immersion, le raisonnement clinique et les apprentissages.

    Résultats – Quatre thématiques favorisant l’immersion ont été mises en évidence par les étudiants : l’environnement reconstruit, le script clinique, la posture d’apprentissage et le support audiovisuel. Les effets du support audiovisuel étaient jugés positifs et ont permis d’améliorer l’immersion clinique, le raisonnement clinique, l’interaction avec le simulateur et les apprentissages. Ainsi, l’engagement dans la simulation était majoré, permettant de réunir les conditions propices au transfert des apprentissages.

    Discussion – Le support audiovisuel améliore la perception d’authenticité et l’engagement des étudiants en optimisant les trois autres éléments identifiés dans l’étude : environnement reconstruit, script clinique et posture des apprenants. Les participants auraient préféré voir le support à un autre moment : dans la salle de simulation au début du scénario. Par ailleurs, l’absence de débriefing pour ne pas influencer les entretiens doit être soulevée. Le débriefing est en effet un moment fort du transfert des apprentissages. Nous avons fait le choix de nous attacher au moment où les étudiants s’engagent dans la simulation.

    Conclusion – Le support audiovisuel a influencé positivement l’immersion en simulation des participants, favorisé la mobilisation du raisonnement clinique et réuni des conditions propices au transfert des apprentissages. C’est un outil simple et facile à mettre en place qui permet de mieux former pour mieux soigner.

     


    03 Les étudiants en soins infirmiers se sentent-ils prêts à faire face aux situations d’urgence à la fin de leur formation ?

    Nelly MEYLEU
    Infirmière, service d’aide médicale d’urgence de Dordogne, CH de Périgueux

    Thierry PELACCIA
    Médecin urgentiste, professeur des universités à la faculté de médecine et maïeutique et sciences de la santé de Strasbourg

    Objectif – Dans la formation en soins infirmiers, l’unité d’enseignement « Soins d’urgence » compte 50 heures, dont 21 pour l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence (AFGSU). Dans la perspective d’améliorer la formation aux soins d’urgence auprès des étudiants en soins infirmiers, nous avons réalisé auprès d’eux une analyse des besoins de formation.

    Matériel et méthodes – Nous avons mené une recherche observationnelle prospective multicentrique basée sur une approche qualitative. Au cours de deux focus groups, des étudiants en soins infirmiers en fin de formation ont été confrontés au récit de situations d’urgence authentiques afin d’évaluer s’ils se sentaient prêts à y faire face.

    Résultats – Les étudiants se sentent compétents face aux situations d’urgence emblématiques. Cependant, ils rencontrent beaucoup d’incertitude face à des situations d’urgence atypiques, sans pour autant perdre leur capacité à agir.

    Conclusion – Des besoins de formation ont été identifiés, permettant l’élaboration de recommandations avec des perspectives pratiques. Notre étude est susceptible de participer à l’amélioration de l’enseignement des soins d’urgence au sein des instituts de formation en soins infirmiers, ainsi qu’à la conception d’un référentiel de compétences pour l’AFGSU.