Colloques et journées des CESU

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  • Péripétie d’un voyage

    Des expériences pour apprendre


    Faire de l’incertitude une certitude

    La pratique soignante est entourée d’incertitudes. Ces incertitudes, si elles sont mal gérées, peuvent entraîner des conséquences graves, pour les soignants, les patients, et même le système de soin. Il est donc essentiel de préparer les futurs soignants aux situations d’incertitude que tous rencontreront dans leur pratique clinique.

    Pourtant, l’organisation des formations en santé reste encore trop souvent guidée par une approche biomédicale tendant à ériger la médecine au rang de science absolue, négligeant la place du doute, nécessaire à une pratique soignante humaine et qualitative, au profit de prises de décision basées sur des certitudes.

    Durant cette session, nous discuterons des évolutions de la vision du concept d’incertitude dans le soin au cours du siècle dernier, ainsi que de la définition actuelle auxquelles elles ont donné naissance.

    En nous appuyant sur les travaux de Pr Kahn, nous proposerons aux participants un cadre de réflexion autour du phénomène de tolérance à l’incertitude, à même de les guider dans leurs pratiques d’enseignement et de recherche.

    Ensuite, à partir des travaux de l’auteur, nous proposerons quelques pistes visant à traduire cette tolérance à l’incertitude, en termes d’objectifs de formation.

    Enfin, nous discuterons, à partir des dernières données de la littérature, plusieurs activités de formation qui pourraient permettre de transposer dans nos pratiques pédagogiques l’approche actuelle de la tolérance à l’incertitude.


    Res’cump : mon assurance voyage

    Exception française, les dispositifs départementaux de cellules d’urgence médico-psychologique (CUMP) ont été développés progressivement pour répondre aux besoins médico-psychologiques en contexte de situation sanitaire exceptionnelle (SSE).

    Les CUMP sont organisés sur trois niveaux : départemental, en charge de l’action de soins ; régional et zonal, pour la coordination des départements et régions, l’animation du réseau,  la formation et désormais la gestion des équipes de renfort national dans les SSE le nécessitant.

    L’intervention sanitaire des CUMP est basée sur le volontariat de professionnels de la santé mentale, médecins, psychologues et infirmiers. Ceux-ci sont sollicités lors des déclenchements demandés par les SAMU, pour de l’action immédiate, post-immédiate ou différée, centrée sur les victimes et tous les impliqués, directs et indirects. Les intervenants sur SSE, soignants ou non, sont à considérer comme des impliqués pouvant relever d’une action CUMP. La place des CUMP est désormais aussi dans l’accompagnement et la régulation émotionnelle des institutionnels en situation de gestion de crise, que celle-ci relève d’une intervention CUMP ou non.

    Lorsqu’elle intervient, la CUMP déploie une équipe de volontaires pilotée par un coordonnateur d’équipe. L’action des volontaires est alors multiple : restauration du contact et du dialogue, évaluation des vulnérabilités, évaluation et prise en charge éventuelle de l’état aigu, et enfin orientation dans le circuit de soins lorsque cela paraît nécessaire. Les volontaires sont formés à la pratique et bénéficient systématiquement d’un débriefing/retour d’expérience après intervention, notamment en vue de les protéger de l’exposition répétée aux récits traumatiques.

    Depuis 2015, alors que plusieurs attentats et catastrophes climatiques ont nécessité une action très importante qui a mobilisé la plupart des CUMP de France, une harmonisation des organisations et des pratiques s’est faite sous l’égide de la coordination nationale, avec notamment un dossier unique et un référentiel de formation des volontaires intégrée dans l’AFGSU.

    L’ensemble de ces éléments seront présentés en session et discutés avec la salle.


    Facteurs humains en situation exceptionnelle

    « L’erreur est humaine » est un adage répandu. Le taux d’erreurs humaines en situation d’activité serait de deux à dix par heure. Ce taux varie avec le stress, la fatigue, l’expérience, le temps, l’ergonomie…  Les situations d’urgence ou les situations sanitaires exceptionnelles semblent donc fortement à risque. Dans toute activité humaine, il est d’ailleurs reconnu depuis de nombreuses années que les facteurs humains seraient impliqués dans près de 70% des erreurs ou incidents. Même si ce taux semble aujourd’hui surestimé, les facteurs humains restent un facteur contributif majeur des événements indésirables associés aux soins. Mais également, on l’oublie souvent, un facteur contributif de performance. Ainsi, telle une pièce et ses deux faces, l’être humain peut être autant faillible que performant. Connaître les facteurs humains et les compétences non techniques semble donc indispensable pour sécuriser les soins et optimiser les formations aux gestes d’urgence ou aux SSE. Ces concepts sont utiles aussi bien pour les soignants apprenants que pour les formateurs.

    Le voyage au sein des facteurs humains est un voyage vers l’infini. Cette plénière peut être l’occasion d’éveiller votre sens pour cette belle aventure !  Pour un départ en toute sécurité, nous introduirons les facteurs humains et les compétences non techniques. Notre itinéraire se concentrera ensuite sur la prise de décision et les biais cognitifs en situation exceptionnelle. Comme tout voyage enrichi de souvenirs, nous évoquerons des outils pouvant vous accompagner demain pour développer les facteurs humains en formation : les compétences non techniques du formateur et les premières recommandations de pratiques professionnelles « Facteurs humains en situations critiques » coécrites par la SFAR et FHS.


    Les Retex pour anticiper les voyages de demain

    Vous souvenez-vous de tout ce que vous vivez, du dernier film que vous avez vu, de votre dernier repas au restaurant ? N’avez-vous pas l’impression, dans vos discussions, de reconstruire les événements comme vous auriez souhaité qu’ils se passent ? N’êtes-vous pas surpris d’avoir des souvenirs précis seulement pour des moments chargés d’émotion ? Culpabilisez-vous lorsque vous réalisez que vous avez commis des erreurs ou vous persuadez-vous que ce ne sont pas des erreurs ? Êtes-vous prêt à dévoiler vos failles ou vos faiblesses devant vos pairs ? Savez-vous questionner avec empathie, dans un esprit de démarche constructive ? Vous surprenez-vous à critiquer avec facilité ce qui n’a pas bien « marché » ? Vous sentez-vous capable de piloter un groupe en inspirant un climat de confiance ? N’avez-vous pas envie de vous améliorer ou d’améliorer les process avec une vision collective, voire sociétale ?

    Vous l’avez compris, nous évoquons-là tous les pièges et enjeux du retour d’expérience (Retex). Le Retex est-il nécessaire ? Oui. Est-ce un exercice simple ? Non. Est-ce que cela demande une préparation, une méthode ? Oui. Est-ce que cela implique une performance du pilote, du sage ? Oui.

    Est-ce que l’on peut rater un Retex ? Oui.

    L’objectif du Retex est un retour en arrière sur un épisode significatif, avec une dissection, un partage honnête de toutes les informations factuelles, des émotions, des succès, des échecs, et ce dans un seul but : faire mieux demain, voire aujourd’hui, aller plus loin, avoir une vision commune du futur ayant du sens, donnant des envies de nouveaux voyages.

    Venez feuilleter avec nous l’album photo d’un voyage récent…

    Référence : P. Lagadec, M. Langlois, « Ne pas rater le retour d’expérience », avril 2020. www.patricklagadec.net/fr/pdf/23-04-2020.pdf